Salut les gourmandios,
Pas de recette ni de critique gastronomique aujourd'hui. J'aimerais plutôt parler d'un sujet qui me tient à coeur et qui fut l'un des reportages de 'Envoyé Spécial' diffusé hier soir sur France 2.
Le reportage parlait des pâtisseries artisanales. Pour qu'une boulangerie porte le titre de "boulangerie artisanale", le pain doit être confectionné sur place. Tout cela est réglementé et bien en place. Il n'en est pourtant rien pour la pâtisserie. Les pâtissiers sont tenus d'informer les consommateurs de l'origine des desserts/viennoiseries/autres. Une très grande majorité de pâtisseries se fait livrer des produits surgelés et les vendent comme si c'était fait sur place. Très peu d'enseignes avouent d'ailleurs qu'il s'agit de produits surgelés. Une réglementation impose pourtant d'apposer une étiquette en forme de pingouin ou de flocon pour le signaler à la clientèle...
Je parle bien évidemment des 'petites' pâtisseries. Celles qui ne comprennent pas les grands noms tels que Pierre Hermé, Christophe Michalak, Philippe Conticini, Christophe Adam, j'en passe.
Vous l'avez compris, je suis un grand gourmand. J'aime la bonne cuisine mais, surtout, j'aime la pâtisserie. Je prends beaucoup de plaisir à préparer mes recettes, à essayer des associations, à faire plaisir à mes proches. Mon plaisir vient aussi lors de la dégustation de desserts innovants, de visites dans des restaurants fins ou dans des pâtisseries réputées. J'attends de leur part que leur prix soit justifié, mais aussi la qualité et le goût.
Quel intérêt à vendre du surgelé? Le prix avant tout. Cela ne leur coûte que peu d'efforts de déballer des produits et de les laisser dégeler. Pas de main d'oeuvre à payer, pas de gaspillage (suffit de décongeler ce qu'il faut). Pour quel résultat? Pour déguster des desserts qui sont partout identiques. Si je devais avoir ma propre pâtisserie, j'aimerais y développer mon identité : mes recettes fétiches, mais aussi celles saisonnières, selon les inspirations du moment ou les périodes de l'année.
Le deuxième souci, c'est le produit et ce qu'il contient. Lorsqu'on prépare soi-même un dessert, on est maître de ce qu'on y met. On peut répondre avec précision aux questions à propos des origines des produits, des allergènes éventuels. Si vous achetez des produits tout faits, vous n'avez aucune idée des produits utilisés. Ils sont d'ailleurs très souvent bourrés d'additifs, de colorants, de produits bizarres portant une dénomination mais ne donnant pas d'informations claires et pertinentes sur son identité. Au moins, les produits vendus en grande surface sont plus clairs à ce niveau!
Au final, ce qui prime est le goût. Je préfère payer quelques dizaines de cents de plus et manger une pâtisserie de qualité, plutôt que d'économiser un peu et manger quelque chose qui a le goût du carton. Il faut éduquer les gens au goût du bon, du vrai, de l'authentique. Lorsque les jeunes ont l'habitude de manger des produits de supermarchés, cela devient leur référence. Si jamais personne (parent, enseignant, ami, autre) ne leur fait goûter un produit de qualité, comment espérer que leur palais change et se développe?
Je suis heureusement content de voir que de nombreuses personnes aiment la bonne cuisine, le choix de bons produits et l'envie de préparer ses plats. Tout n'est pas perdu. Mais tant que la pâtisserie ne sera pas reconnue à sa juste valeur et que les commercants pourront berner leurs clients de cette façon, rien n'est gagné!